Sécurité d'approvisionnement des médicaments : les dirigeants de l’UE soutiennent la proposition belge  

Frank Vandenbroucke, ministre des Affaires sociales et de la Santé publique

Lors du sommet de l’UE qui s’est tenu à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement des États membres ont appelé à reprendre en main la production de médicaments critiques, c’est-à-dire menacés de pénurie dans toute l'Europe. Cette annonce fait suite à un plan de réforme présenté par Frank Vandenbroucke, ministre des Affaires sociales et de la Santé publique. « Le soutien de ce principe par les chefs de gouvernement est une grande avancée, » a déclaré Vandenbroucke, « car la sécurité d’approvisionnement des médicaments est aussi une question de sécurité. » ​ 

Ces 25 dernières années, de plus en plus de producteurs de médicaments et d'ingrédients pharmaceutiques actifs - les composants essentiels des médicaments - ont quitté l'Europe pour s’installer en Asie. Cette délocalisation a non seulement permis aux entreprises de réduire leurs coûts de main-d'œuvre, mais elle présentait également un autre avantage : des réglementations environnementales moins strictes. En effet, la production de médicaments est très polluante et l’Europe applique des normes strictes pour protéger l'environnement et donc, notre santé publique. ​ 

La conséquence de cette délocalisation est à l’avenant : alors qu'en 2000, plus de la moitié de la production mondiale d'ingrédients pharmaceutiques actifs provenait encore d'Europe, la proportion n’est plus que d’un quart aujourd'hui. En outre, certains composants sont de plus en plus souvent fabriqués par un petit nombre d'usines en dehors des frontières européennes. Cette situation n'est pas sans conséquences pour le patient européen. Ces dernières années, par exemple, des ruptures d'approvisionnement ont déjà provoqué une pénurie d'anticoagulants, tandis que pour l'Antabuse - un médicament utilisé pour traiter la dépendance à l'alcool - l'Europe est désormais totalement dépendante des approvisionnements en provenance d'Extrême-Orient. En résumé, cette monopolisation et cette concentration géographique compromettent gravement l'approvisionnement en médicaments de l'Europe. ​ 

La solidarité européenne est la seule réponse  

« Une approche européenne, nouvelle et unie était donc nécessaire pour garantir la sécurité d'approvisionnement en Europe », indique Frank Vandenbroucke. « C'est pourquoi, début mai, nous avons proposé un plan de réforme qui, entre-temps, bénéficie d’un large soutien de la part des États membres de l'Union européenne. » ​ 

La stratégie repose sur trois piliers. Le premier pilier est axé sur la solidarité entre les pays européens et prévoit un mécanisme d'échange de médicaments en cas de pénurie urgente. Cette solidarité permettra d'éviter que certains pays ne soient complètement privés de médicaments vitaux. Le deuxième pilier consiste à identifier les chaînes d'approvisionnement des médicaments essentiels. En d'autres termes, nous allons vérifier, pour ces médicaments, précisément où ils sont produits, quels sont les ingrédients nécessaires pour les produire et d'où proviennent ces ingrédients. De cette manière, nous pourrons intervenir beaucoup plus rapidement en cas de problème et beaucoup mieux évaluer les risques. ​ 

Reprise de la fabrication des médicaments critiques  

Enfin, le troisième pilier est le « Critical Medicines Act », qui doit faire en sorte que l'Europe ait la capacité de produire à nouveau les médicaments et les ingrédients les plus critiques. C'est ce principe que les chefs de gouvernement soutiennent aujourd'hui. La pandémie de Covid-19 nous a appris qu'il est absolument nécessaire que nous soyons capables de les produire en Europe et que nous dépendions moins d’autrui. ​ 

Vandenbroucke : « Le soutien par les chefs de gouvernement de l'UE aujourd'hui est une avancée importante. La Commission peut maintenant se mettre à l’œuvre. Et c'est vraiment nécessaire, sans quoi les grands pays européens développeront à nouveau leurs propres projets pour réduire leur dépendance à l'égard de l'étranger. Nous devons absolument éviter ce scénario, car séparément, nous sommes trop petits pour faire la différence. Nous pourrons uniquement garantir l'approvisionnement en médicaments - et donc, la sécurité de l'Europe - si nous organisons la solidarité européenne. ​ » ​ 

Sandrine Daoud

Porte-parole, Cabinet Frank Vandenbroucke

 

 

Share

Recevez des mises à jour par e-mail

En cliquant sur « S'abonner », je confirme avoir lu et accepté la Politique de confidentialité.